Les baisers
Par trois fois, il se demanda ce qu’il allait faire de ces belles lèvres là :
« Les mordre, pensa-t-il, elles sont si cerises ? »
« Les effleurer comme on donne un baiser, au pieds du temps ? »
« Les toucher avec le doigt, suivre la dune et caresser un rêve ? »
Il avait senti que dans les mouvements d’onde de ses lèvres graciles, un baiser ne serait pas refusé
Et « il le fit »
C’était comme une danse nuptiale d’oiseau, ses yeux avaient pris un bleu Klein, comme sur un ramage de plumes dansantes. La belle fermait les yeux, un paysage d’à peine quinze ans, premiers entrelacs des lèvres adolescentes.
Ô ce parfum de lèvre dans ce premier baiser humide, il l’avait gardé dans un lieu de tendresse au cœur de son cerveau de mémoire.
Non, il ne l’avait pas oublié ! Ce moment d’éternité où le décor avait fondu dans la farine du baiser !
C’était un rêve vrai et par trois fois, elle avait encore appelé cette escarmouche touchée. Leurs bouches étaient vraiment des sexes mélangés et l’on sentait la rosée sur les jardins en fleurs.
« On recommencera », dit-elle, les seins gonflés dans des étoiles de rose.
« Oui, on recommencera » dit-il, heureux de son émoi et des belles dents blanches effleurées.
« On recommencera, on recommencera »
Ils ont recommencé dans la foulée et la lumière du soleil. Dans le baiser fondu, en ce temps-là, le temps dégoulinait de secondes infinies.