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lettresdumonde
31 octobre 2019

Solitude (1)

(Toutes coincidences avec des faits réels ne seraient que pur jeu de hasard imaginaire)

La route était longue pour Armand Dommas. A vingt ans, alors qu’il avait terminé son Brevet professionnel de charpentier de marine au lycée professionnel Doucet de Cherbourg en Cotentin, suivant la formule de l’apprentissage, depuis à peine deux ans, il avait entendu pour la première fois une petite voix fine tout au fond de son cerveau qui lui avait murmuré « vas-y Armand, tu peux ! ». Armand Dommas avait été embauché tout de suite à l’issu de son stage de fin d’études dans l’entreprise de réparation de vieux gréements sur le port de D°°° non loin du bassin de F°°°. Son patron, Brice Corsory avait été content de lui. Armand était discret et efficace, jamais il ne comptait ses heures.

Trois ans plutôt, alors qu’il était en première, ses parents s’étaient tués sur la route départementale deux entre Cappelle la Grande et Bergues. Armand avait dix-sept ans. Son père n'avait rien pu faire, chargé au max de cannabis, le conducteur qui les avait défoncés ne leur avait laissé aucune chance. Il roulait à gauche comme un anglais dans un virage frôlant les cent-cinq kilomètres par heure. Les tôles n'avaient plus la moindre parenté formelle avec un concept, nommé automobile. A l'enterrement le samedi, Armand avait beaucoup pleuré à l’intérieur puis il s’était réfugié dans le travail et le silence. Sa famille se réduisait à rien. Il était seul au monde, perdu dans une ville où les nuages ne craignaient jamais de déverser leurs draches grises.

Au lycée, en seconde, Armand Dommas était bien tombé amoureux d’une petite jeune fille de seize ans qui suivait le même cursus que lui. Mais Joah avait décroché dès le premier mois et quitté l’établissement sans prévenir, du jour au lendemain. Joah s’était envolé avec les beaux cheveux qui avaient séduit Armand. Armand Dommas avait poursuivi sa formation. Depuis petit, il adorait le bois et les bateaux.

Son père à trente-huit ans venait de disparaitre alors qu’il lui avait tout donné, tout montré, la passion des flots et du grand large. Sauveteur à la société des gens de mer, Augustin avait emmené dès l’âge de deux ans son fils sur les navires dans la mer du Nord jusqu’à la Manche au large de Boulogne sur mer. Il avait sauvé des centaines de vies, prés à donner la sienne à la mer dévoreuse. Bertille, sa femme, était professeur d’anglais au collège A°°° de Boulogne. Ses parents s’aimaient profondément depuis l’âge de quinze ans quand ils s’étaient rencontrés au lycée Auguste Mariette, l’égyptologue Boulonnais, au soixante- neuf rue de Beaurepaire. Armand était né dans la foulée de leur mariage comme un enfant de l’amour que les jeunes couples savent si bien faire ....

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