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lettresdumonde
28 novembre 2019

Solitude(7)

... Bertille qui avait un prénom à coucher dehors le vendredi soir était la lumière incarnée. Ses yeux noirs comme un Soulage réussi distribuaient ses lux comme un bienfait pour toute l’humanité rayonnante. En fin de cinquième, tous ses élèves parlaient couramment l’anglais. Bertille avait adjoint aux programmes pourris du ministère l’œuvre de J K Rawlings que ses protégés répétaient sur scène et en cœur. Armand avait conscience qu’il avait la plus merveilleuse des mères. Elle cuisinait comme une fée en attendant Augustin. Les soirées, les Week-end et la vie entière avaient le gout succulent de la béatitude. L’amour qu’ils partageaient chauffait mieux que l’âtre lors des longues soirées d’hiver. Armand donnait des coups de pieds dans l’eau comme d’autres enturbannés dans des équipes de foot shootant dans des ballons de cuir. Armand trainait son désespoir par la laisse, jeune chien fou qu’il ne savait maitriser quand le crépuscule commençait à étouffer la plage. Armand avait vu devant lui un monsieur d’âge moyen, vêtu d’un K-way rouge qui longeait comme lui, la mer. Sa capuche l’ensevelissait totalement dans son soi et le vent qui s’était à nouveau levé encrassait le pavillon de ses oreilles. Armand avait sorti son opinel pour la ficher comme un plantoir à poireaux dans le dos de l’homme, juste entre les deux omoplates. « Tu peux, tu peux » avait dit la voix. Armand avait bien travaillé le découpage du corps de long en large quand fatigué, il avait décidé de rentrer. La plage était vide très loin dans la mer à marée basse. Des paquets rouges flottaient dans une baïne qui commençait à se former. Armand rentrait chez lui, il commençait de bonne heure demain.

A cinq heures, un peu plus tôt que d’ordinaire, Armand était debout, assis dans sa petite cuisine. IL engloutissait sept steaks végétaux boulghour et quinoa bien larges mais non saignant. Depuis une dizaine de jours, se coinçait entre son hypothalamus et son ventre un appétit féroce. Son opinel qu’il ne lavait jamais était encore taché de sang de la veille. La couleur de la sauce tomate ne choquait pas celle du monsieur. Armand ne comprenait pas ce qui lui arrivait mais il avait l’impression que la couleur rouge l’obsédait. Il la voyait partout aux vitrines des boutiques, sur les copeaux de bois à l’atelier, dans les yeux de son patron comme sa longue chevelure d’autrefois. Le rubescent le torturait. Au lycée sa petite amie d’un trimestre ne supportait la couleur souffre. Elle avait raconté que dans sa petite enfance, elle avait eu une peur bleue du petit chaperon rouge. Pour elle, le petit chaperon n’était rien d’autre qu’une flaque de sang qui allait se faire croquer par le grand loup. Elle se souvenait aussi de ses premières règles, avait pensé qu’elle avait mangé trop de fraises et allait mourir. Elle avait expliqué à Armand ces événements...

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