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lettresdumonde
16 novembre 2019

Solitude (4)

...  « On est vraiment dans une drôle d’époque, tu ne trouves pas Armand, on a l’impression que descendre un type aujourd’hui c’est aussi facile que de croquer dans une pomme mure. »

« J’sais pas Msieur, moi vous savez je travaille et ce qui se passe autour, ça ne m’intéresse pas beaucoup ! »

« T’as raison Armand, le boulot y’a rien de tel. T’as bientôt fini ce rafiot, j’ai une autre commande, il faudrait aller récupérer une carcasse sur le vieux port, un genre de caravelle à rénover totalement pour une association anglaise, au moins quinze mille heures de travail et un bon paquet de fric à la clef »

« C’est cool  » répondit Armand qui voyait déjà devant ses yeux, le monstre à retaper dans son entier.

Armand Dommas s’était remis à la tâche, motivé par la réalisation du chef d’œuvre parfait.

Au lycée professionnel, Armand avait eu la chance de rencontrer des profs formidables, pas comme ces nez-de-bœufs du collège, qui l’avait rendu passionné par son métier. En fin de troisième il n’avait eu aucun souci avec ses choix. Un seul vœu avait suffi. Son quatorze de moyenne, Armand raffolait aussi de la géométrie, la géographie et la spacialité, au bac et sa mention bien, il l’avait obtenu sans trop se fouler. Les choses avaient coulé de sources vives. Il avait reçu les félicitations de madame Schmock, la proviseure, qui avait bien connu le père d’Armand. Elle avait fréquenté le même lycée Branly en bas de la porte Gayole, une petite vingtaine d’années auparavant. Amoureuse de son père qui était beau comme un Dieu, style Poséidon, elle avait dû se rabattre après son master enseignement, suivi à Saint Louis, sur un futur jeune professeur de génie mécanique qui pourtant n’avait pas inventé la poudre ni l’eau tiède. Armand Dommas avait trouvé sa voix grâce à son père qui avait arpenté toutes les mers du globe durant sa courte vie.

Quatorze heures sonnaient à la grande pendule. Brice Corsor avait décidé d’inviter le jeune homme dans un restaurant extra à Wimereux ce midi-là. Les affaires tournaient bien et légèrement addict aux courses hippiques, chevaux d’élégance ou petits bourrins, Brice Corsor avait remporté la veille un magot non négligeable à Vincennes. Il voulait en faire profiter son jeune ouvrier. Veuf lui-même il n’avait eu aucun enfant et s’était lié de sympathie pour le jeune Armand et son caractère spécial ...

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