Enfant
Enfant tu nous rapproches un peu plus du soleil
Tu nous montres la route sans jamais la nommer
Tu es le pendule des sources souterraines
Où bat notre origine, où sont jetés les dés
Tu es la force des faibles, le cri des mouettes
Le vent, le sable, l'innomable.
Enfant tu navigues dans le flot du mystère
Dans la fissure de nos rifs raisonnables
Nous te lançons des bouée de sauvetage
Et nous te ficelons par peur de te perdre
Ta vie pour nous est un mystère
Et tu rigoles de nos béquilles imaginaires.
Enfant ton rire est une source qui nous effraie
L'écarlate démesure qui fait que tout déborde
Dans l'artère folie, sous notre peau d'adulte
Tu es le fil du télégraphe universel
Le défit jeté en pâture à tous les lions de nos certitudes.
Enfant quand tu te donnes à nos regards fauves
Tu domptes le tigre, tu fais fondre la glace
Et nous voilà drainés dans le flot de l'instinct
Nos compteurs disjonctent, notre coeur désarme
Tu es l'offrande, la face cachée, l'essence même de notre combat.
Enfant quand tu butines des fleurs invisibles
Tu allumes des feux dans ma nuit solitaire
Alors je me rechauffe au brasier de ton être
En un instant je brûle tous mes barreaux d'échelles
Je redeviens l'enfant que tu réveilles
Et je me perds d'être au ventre, tout prés du soleil
Enfant si prés du soleil
MÔRICE BENIN.