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lettresdumonde
14 février 2020

Enfant

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Enfant tu nous rapproches un peu plus du soleil

Tu nous montres la route sans jamais la nommer

Tu es  le pendule des sources souterraines

Où bat notre origine, où sont jetés les dés

Tu es la force des faibles, le cri des mouettes

Le vent, le sable, l'innomable.

 

Enfant tu navigues dans le flot du mystère

Dans la fissure de nos rifs raisonnables

Nous te lançons des bouée de sauvetage

Et nous te ficelons par peur de te perdre

Ta vie pour nous est un mystère

Et tu rigoles de nos béquilles imaginaires.

 

Enfant ton rire est une source qui nous effraie

L'écarlate démesure qui fait que tout déborde

Dans l'artère folie, sous notre peau d'adulte

Tu es le fil du télégraphe universel

Le défit jeté en pâture à tous les lions de nos certitudes.

 

Enfant quand tu te donnes à nos regards fauves

Tu domptes le tigre, tu fais fondre la glace

Et nous voilà drainés dans le flot de l'instinct

Nos compteurs disjonctent, notre coeur désarme

Tu es l'offrande, la face cachée, l'essence même de notre combat.

 

Enfant quand tu butines des fleurs invisibles

Tu allumes des feux dans ma nuit solitaire

Alors je me rechauffe au brasier de ton être

En un instant je brûle tous mes barreaux d'échelles

Je redeviens l'enfant que tu réveilles

Et je me perds d'être au ventre, tout prés du soleil

 

Enfant si prés du soleil

 

MÔRICE BENIN.

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