Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lettresdumonde
24 décembre 2019

Vanina (38)

...Le sexe de Vanina était une pouponnière à plaisir, une boutonnière paysagère, une halte-garderie pour mes matins moroses. Un jardin d’enfants pour les désirs en croissance pubescente, Vanina était la vie et avec elle le vivat ! Vanina était partie dans les petites heures du matin vers son laboratoire à morts dépenaillés, il fallait bien gagner sa croute, le corps ne suffisait pas. Vanina nécrophile avertie aimait ses morts-vivants qu’elle toisait en toutes leurs excroissances avec ou sans épines naturelles. Parfois elle trouvait des eaux boueuses dans des corps qui avaient trainé dans des cloaques ou ramenés par des marées folles. Les corps étaient détruits mais ce qu’il fallait, en dernier, survivait. Elle les essayait même tranchés à moitié, introduction ; elle ne refusait pas, participant à la science du sexe chez les morts. Mort et sexualité avait été l’un de ses chapitres pour sa thèse. Elle avait tout lu Jacques Ruffié sur la biologie et reconnaissait là les fines études du grand savant de Limoux mort en 2004. Quelquefois quand elle baisait, n’ayons pas peur des mots, Vanina criait comme Bardot avec ses coquilles et crustacées mais Vanina, elle, n’en avait jamais assez ! Bardot avec ses beaux seins et son corps de rêve avait mal tournée par l’horrible obsession des persécuteurs masculins chassant la petite comme un lièvre en nature, au sortir des avions. Vanina c’était elle qui commandait absolument. Vanina avait créé le sexe, non comme dieu qui faisait les choses à moitié, Vanina gérait de A à Z et de Z à A en passant par la rivière AA vers Saint Omer. Elle passait en revue toutes les problématiques et allait de manière analytique au plus profond des turpitudes. Bien sûr elle emmenait ses ovaires portatifs qui s’exprimaient allègrement dans le plaisir rouge. Quand le vent de l’amour se levait sur elle et il le faisait souvent, rien ne pouvait lui résister. Vanina se faisait alors tuyauter en urgence, sous perfusion de jus gonadine. Vanina connaissait tout du commerce et de ses actes, change, banque et courtage étaient son quotidien. Elle ne se soumettait à aucune juridiction de tribunal. Le tribunal c’était elle et son corps, seins et fesses comprises, sans procédure. Devant elle il fallait seulement être avoué, elle avait les mandats en horreur ! Son registre à elle c’était l’immatriculation sexuelle personnelle. Vanina ne tenait pas de journal officiel. Vanina n’avait pour seul credo judiciaire : le sexe, le sexe, le sexe et tous ses index annexés. Vanina était un sphynx Elpenor, papillon rose et vert olive que je buvais comme un Cherry, une eau de vie à la cerise sur son gâteau. Vanina, quelquefois sortait ses fortifications de Sébastien Vauban imprenables et sine die, le lieu du plaisir absolu restait patiens quia aeternus et puis on se reprenait de passion plus que jamais. Vanina n’aimait pas ses périodes là qui la mettaient au repos forcé comme à Cayenne on marche sur des cailloux Cheribibis, ou sur une plage déserte comme Anna Karina on chante, « qu’est-ce que je peux faire ... » pile poil en dessous du soleil, l'amour ! Vanina travaillait alors dans les contrées de l’imagination, en nolition, elle retannait ses péricarpes, contenait son pénil dodu, pour fantasmer sur les verges perce-cartes. Malgré tout, les orgasmes étaient possibles et Vanina se surexcitait toute seule, à l’instar de Miss Dolto sur ses balancelles translacaniennes, dans les allées nerveuses de son noyau accubens en feu. Vanina faisait de l’orpaillage seule récoltant les paillettes de son excitation dans ses terminaisons nombreuses. Après le temps dû aux orphiques, Vanina reprenait la route du réel appelant à la rescousse les vrais outils de quai et d’amarrage conçus en organes spéciaux. Vanina tenait du mérinos espagnol, sa corne clitoridienne et spiralée, ses lèvres épaisses, sa croupe ample, ventre arrondi ! Les instruments se sentaient à l’aise, respiraient comme chez eux dans les arrière-cours de l’entre-soi, prenant bien soin de se rucher. Vanina nous montait vers la lumière. Vanina Catherine vers quinze ans avait découvert l’amour beau, l’amour Platon, l’amour plat comme un baiser inabouti. Un petit baiser de velours, rose et doux dans le palais de l’Innocence. Toute sa vie Vanina Catherine se rappellerait ce baiser confit, approximatif mais si gentil et timide. C’était Ildefonse qui l’avait rencontré chez elle, ses parents étaient partis pour une soirée au ciné. Vanina Catherine l’avait fait rentrer. Elle ne savait pas si c’était pour l’amour, bien que son sexe, le temps du baiser, avait roser comme jamais. Ses lèvres de bouche dessinées sur son beau visage avaient suffi pour son premier orgasme hétéro. Avant, « comme avant » aurait dit Mort Schumann, sa main lui suffisait. Mais là, avec l’autre, Vanina C&therine avait découvert quelque chose. Elle avait blotti ses seins contre sa poitrine et le baiser avait suffi ! Elle avait senti presque la douleur dans son bas-ventre par le coup des lèvres électriques et ses pointes touchant un autre. Ses pointes qu’elle n’avait pas reconnues étaient devenues autonomes par la force du baiser. Le baiser avait duré la soirée (jusqu’à 22 heures), le plaisir avait durée la soirée entière par la puissance et la durée du baiser et la jeunesse tendue de leurs corps. Mais que pouvait-on dire sur la force de ce baiser qui marquerait pour toute sa vie la mémoire épisodique de Vanina Catherine ? Décrivons ce baiser encore puis que nous y étions ! Il y avait d’abord les yeux, absolument les yeux qui disent au nom de la bouche : « embrasse-moi, embrasse-moi ». D’abord les yeux en effet (et je comprends cette foudre qui s’abat parfois sur un premier amour par les yeux) quelles que soient leurs couleurs, quelle que soit la latitude, quel que soit le temps, quel que soit le sexe, quelle que soit la religion. Les yeux qui disent « baisers » ne se soucient guère des différences. Il n’y a pas de différence ! Il n’y a que ces yeux qui disent « viens », « vas-y », « essaie » « n’ai pas peur ». D’abord les yeux quoi qu’il arrive ! Les yeux oui les yeux, loin du forçage, les yeux dans les yeux qui se disent oui. Avez- vous déjà vu, lectrices (eurs) un œil qui dit oui ? Vanina Catherine avait dit oui avec ses yeux mais de tout son corps. Ses yeux avaient commandé : les yeux ! Et puis le mouvement, comme les sexes s’imbriquent, les visages doivent se combiner mais pas n’importe comment. Il y a comme une perpendicularité dans la possibilité de vivre à plein tube le baiser. Front contre front, ça ne marche pas. Menton contre menton ça ne marche pas, joue contre joue, comme on danse chez D'ormesson ou Aznavour, ça ne marche pas ! Il nous faut comme chez Foucault un agencement de désir. Le mieux, lectrices (eurs), apprenties (is )  est toujours d’essayer et d’apprendre. Surtout bien écouter les professeurs de Désir (Même s’il s’appelle Phillip Roth). L’ agencement , c’est la perpendicularité : front dans la joue vers les oreilles aimées et puis la bouche qui s’entrouvre, les langues qui se contournent, se chantournent et qui se touchent et qui tournent encore l’une autour de l’autre comme des derviches- tourneurs ou des toupies jamais las, tourner , tourner , tourner encore comme une valse de vienne, où l’on peut, là, marcher sur le pied de l’autre, les langues qui se touchent, toute votre  vie vous garderez le gout de cette bouche, elle est unique. Le gout comme un paradis perdu, le même, à peu près, que celui de la blessure d’où vous venez, s’il fut bon, comme le ventre de la mère, comme un regret ....

Publicité
Publicité
Commentaires
lettresdumonde
Publicité
Archives
Publicité