Chez ma Néfertiti
Au pays de la belle Néfertiti
Ses perles dansaient sur le Nil
Et sur le ventre tout prés du nombril
Appellait le felouquier ravi.
Sur la soie et l’onde tremblante
Ses couleurs jouaient les Houris
Sur ses lèvres nonchalantes
Mordait le serpent d ’Osiris.
Dans le détroit de son palais
Brillait la mosaïque de son sourire
Et sur ses seins en outres bombées
Passait la bise du grand désir .
Au bout de ses divins sas franchis
Se dressaient les petits obélisques violacées
Et sur sa peau de porcelaine saisie
Riait un frisson de fraise rosacée.
Ici etait le lieu des excès miraculeux
Ou grandissaient même les nains décrépits
Et dans le verger de tous ces fruits sérieux
Cueillait la fleur de l’amour sans répit.
Ici était le lieu où dansaient ses hanches
Roulant navires en lancinants voyages
Et dans le lac salée de belles tanches
Traînaient leurs filets de baisers sans nuances.
Ici se réunissaient les curieux de partout
Chargaient jumelles, appareils constricteurs
Et sur les pages de ses vivants atouts
Tachaient des esquisses de tableaux menteurs
Ici se damnaient les croyants du monde entier
Caressant leur foi du bout de leurs longs doigts .
Et derrière la vitre charmante et déshabillée
Touchaient des corps pubescents et plein d’émoi.
Sur son corps en la plus douce niche
Tournait la main qui se voulait câline
Et au milieu du spectacle se fiche
La savane peuplée de ses griffes félines.
Autour du point d’eau se réunissaient
Admirateurs assoiffés de tant de grâce
Et dans les mils de ces roses parfumées
Lancait une troupe de chevaux coriaces.
Mais quand trop d’amis étaient là réunis
Tournant la partie de trop de baisers salivés
Dans l’antre jaloux des rouges brasiers
Couvaient les feux ardents désunis.