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lettresdumonde
20 octobre 2023

Un amour (44-45-46)

Et voilà, les treize jours de repos s'étaient écoulés et la fatigue envolée sur les ailes du devenir. Miss Taylor avait pris le premier vol, était repartie pour Hollywood, elle n'avait absolument pas peur de Virginia Woolf ni du grand méchant loup.

 Adélaïde Océane de Marmande était heureuse. Elle venait de terminer son devoir de mathématiques ultra hard, elle attaquait, par le versent nord, le dur de sa formation scientifique.

Sylvie Sylt n'y comprenait rien, pour elle les chiffres étaient de l' hébreu et laids  ténébreux ! Elle, c'était plutôt les lettres et malgré sa nouvelle orientation vers l'art, nue évidemment, elle gardait le goût des mots qu'elle savait mâcher et rendre comme de jolies fleurs naturelles. Maintenant, c'était l'œuvre poétique de Charles Baudelaire, qu'elle abordait. Elle se souvenait de la fille de Nagoya, sa professeure madame Shiki, vraisemblablement bi mais sans ostentation et une préférence pour les référentiels rebondissants que la peinture osée en ses pinceaux habiles se refilaient à longueur de cours.

« Et si on faisait une photo ? »  Demanda d'un coup Sylvie qui, sortie en criant de l'« allégorie» de  Charles :  «  C'est une femme belle et de riche encolure/Qui laisse dans son vin traîner sa chevelure./les griffes de l'amour, les poisons du tripot,/ Tout glisse et tout s'émousse au granit de sa peau".

Elle se sentait soudain Sappho et Hellène de Lesbos avec sa faux aigüe en « ode à Aphrodite ». Elle avait pensé à Cindy Sherman, la jolie féministe américaine « on va faire une sex picture » dit- elle « mais pour cette fois, non courbée et sans 'l'origine du monde' ».

D'accord fit Serge qui se blottit comme une petite anoure amoureuse, cachée par ses aimées qui envahissaient le premier plan. Il voyait bien qu'Adélaïde Océane avait un petit air de Juliette Binoche sans binocle et sans casque évidemment dans le patient anglais et où malgré tout, les origines percaient. Madame shik O Wen, la professeure de manga de Sylvie avait pris la place de son élève, Helena Clintonvaki, dans la grande baignoire de faïence, juste à côté. Elle avait à la main une flute pleine de bulles de la région d' Epernay qui pétillaient. Héléna, une Ukrainienne à la chevelure brune superbe de Podolie occidentale se rhabillait lentement. Depuis 7 mois, Madame O Wen était sa Professeure de Désir, elle ne lésinait pas à l'embrasement des insulas, réussissant, en experte, les plus joyeux feux d'artifices cérébraux que femmes entre-elles, pouvaient aussi réaliser, le circuit des récompenses s'enflammaient de longues demi-heures. Aux plus belles réussites des ébats amoureux, les vitres des fenêtres d'atelier vibraient comme des cordes de mandolines andalouses installées pour de très longs temps dans les aigus. Régulièrement, Le concierge qui fumait des gitanes maïs, Robert Pluvignier, originaire du Lorientais devait remplacer un glas brisé en mille morceaux. Héléna était belle, clitoridienne jusqu'au bout des ongles. Elle avait connu à l'université de Ternopil, l'année où elle terminait son doctorat portant sur les mœurs au haut moyen-âge Podolien, un garçon japonais, étudiant en médecine, dont elle était fort amoureuse mais qui l'avait déçu, braqué sur ses études délaissant les anatomies réelles, sonnantes, savoureuses. Elle en avait jamais assez sur les zones du plaisir, qu'elle collectionnait par centaines sur ses plaines et monts pralins , exquises confiseries, si bien que certains jours de dessin, manga dans lequel elle s'était aussi recyclée, tournait court. Sa professeure était championne mais pour l'heure l'eau de la petite piscine savoureuse commune à toutes les étudiantes susceptibles de réaliser au pinceau de jolies courbes, la voyait s'endormir dans un sommeil léger où sans doute, par tant de grâce, le fils d'Hypnos s'émerveillait. 

Adélaïde Océane de Marmande et sa cousine Sylvie Sylt, nues comme à l'ordinaire, étaient parties maintenant dans une discussion digne des meilleures années du showbiz des années d'avant : chacune adoptant dans un rôle perso les personnages flamboyants mais actuels de « la guerre des femmes » qui allait sur l'échelle des caricatures extrêmes de La haie, celle qui peut en toute circonstance. Mais pour ce faire , elles s'étaient mises en position yogique. Serge comptait les points! 

"pudibonderie, puritanisme ..." disait l'une.

"dévergondée, salope, obsédée" répondait l'autre.

Le jeu des hostilités était ouvert, toutes deux dans des positions au diamètre opposé attrapaient la haine par les cheveux, calculaient le logarithme de son  féminisme adéquat.

Toutefois la joute verbale ne dura si longtemps car si prés l'une de l'autre leurs noyaux accubens ne firent qu'un tour et se mirent à rougir quand les clitoris en contact alarmèrent la folliculine amoureuse qui  se mit à pleuvoir sur leurs jolis corps. Elles s'allongèrent sur la moquette dans un joli baiser fougueux et appelèrent comme il se doit le petit Serge qui aimait encore assez bien le combat.

"ah les rapooorts amoureux" fit il "comme c'est difficile mais  bien plus beau que la peinture à l'eau".

Tout en grâce les baisers y allèrent de bon coeur et durèrent trés longtemps dans le matin vieillissant. Adélaïde Océane et  Sylvie, cousines, le neuf janvier 2018, avaient décidé de signer un pacte civil de solidarité, nues évidemment.

Madame shik Ô Wen et sa petite troupe d'élèves d'art, la professeure de manga de Sylvie, étaient venues assisté à la signature du contrat.

Madame le maire, Julie Lazarilla, née à San José à Costa Rica  fit un trés beau discours en espagnol. Elle et son adjointe Marlène Dioras ingénieure en aéronotique, tant la cérémonie fut sympaythique, furent conviées  à la fête qui allait durer la nuit, le week end, la semaine, bien. Ici, à la campagne le temps n'avait pas d'emprise, les phones intelligents s'engluaient dans une zone blanche. Tout le monde était heureux dans ce beau jour d'hiver où la neige couvrait les rues de ce petit village sur la Seille en Cambraisis. L'Epernay coulait à flôt avec la danse.  Ce soir on dansait.

Les partiels en mathématiques d' Océane de Lundi couraient un gros risque mais Adélaïde  Océane avait tellement de ressources que deux nuits blanches à danser ne lui faisaient pas peur. Elle prendrait un train pour Lille, tôt , lundi matin... 

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