Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lettresdumonde
31 août 2023

Le vieillard (huitième épisode)

…. « Comme vous voulez » s’embruma Louis …
Ce jour-là, Louis s’embruma tant qu’il tomba dans la Seine glacée. On le retrouve, trois mois plus tard rue Picolin, transi, entre le grand fleuve et la voie ferrée qui n’en finit pas, le vent s’engouffre par tous ses pores. Louis a froid malgré le pardessus double-coat qui le couvre. Sur la Seine, c’est étrange, un bateau à aube, comme sorti du Mississipi cher à marc Twain, déambule fièrement, vapeur sortie d’une pipe de Magritt dans son sillage, un mouchoir blanc agité sur le quai du départ. Sur les voies, deux TGV ont pointé le bout de leur nez en un instant. Louis n’avait jamais vu ses engins rapides, qu’il venait de croiser.
A quelque pas, il vit un abris qui, lui sembla-t-il, ne refuserait pas son corps fatigué, givré. Il s’approcha et s’y installa. Une femme, jeune d’élégance, au joli visage attendait, assise, quelque chose que Louis ne savait pas. Elle leva les yeux sur Louis qu’elle ne put s’empêcher, troublant de ressemblance avec son propre père qu’elle avait connu jusqu’à l’âge de treize ans, aux fins fonds des arrières cours des années mille neuf cent quatre-vingt.
« Vous ressemblez à mon père » fit-elle quand elle planta ses yeux magnifiques bleus Klein et verts api dans ceux du vieil homme.
« Vous êtes bien jeune pour être ma fille » lui répondit Louis.
« Quel âge avez-vous » s’enquit elle ?
« Quatre-vingt-trois » précisa-t-il « et vous ? »
« Vingt-quatre » continua-t-elle.
« Vous voyez bien, la chose est impossible ! » renchérit-il.
« Non, pas impossible, quand il nous a laissé, mon père était déjà vieux »
Publicité
Publicité
Commentaires
lettresdumonde
Publicité
Archives
Publicité