Le vieillard (neuvième épisode)

…Mon père était déjà vieux »…

« Je n’ai jamais eu d’enfant ! »

Linda sortit, de dessous son imperméable, une petite fiole en métal gris qu’elle porta à sa bouche supérieure, engageant un mouvement arrière de la tête, le flacon dans le même sens. Un petit liquide blanc de clair, transparent, coula dans sa gorge.

« Que buvez-vous ?» demanda Louis.

« Un alcool puissant cinquante-deux, précisa Linda, je cours les rues la nuit et le matin, cela me tient chaud en glotte et contre-bas »

« Tu m’en donnes un peu » fit-il, « je suis glacé, je cherche la rue Bauermann, et je ne connais plus Paris ».

« Je pourrais vous accompagner, dit-elle, Paris tient dans mon mouchoir de poche, je connais tous les coins et les recoins de la capitale, je trouverais votre rue Bauerman.

Louis eut un flash polaroid dans son cerveau rolandique fissuré, quelques fibres de substance blanche superficielle fusaient. Cette jeune fille sympathique aurait, après tout, très pu être sa fille bien. Son passé était un gruyère suisse, une éponge de méduse et cette gamine sourçait bien un petit air à sa Simone qui floutait son cerveau rayé. Son nez en trompette de Vian, ses yeux pomme-noisette, ses joues roses de Toulouse Saint Sernin seyaient à Simone réinventée comme à cette petite. Son regard perdu et quémandeur pouvait bien être parent génétique par i grec de transfert…