Le vieillard (17)

…ami d’enfance » …

« Euh, oui, fit Louis, nous nous sommes connus sur les rives de la Marne en … ».

« Mille neuf cent cinquante-trois, précisa Marcelle, Louis a travaillé deux mois, dans la même usine que moi, je fabriquais des chapeaux, rue Alceste »

« Quelle mémoire, renchérit Louis, c’est bien ça ! » .

Linda qui s’était déchaussée reçue comme la foudre, un « vous avez de très jolis yeux ». Surprise par le compliment elle fabriqua une réponse en peinture rosée sur son beau minois.

« Merci » fit elle, penaude.

Adorable, pensa Ignace, par devers lui.

« Que faîtes-vous dans la vie ? » continua-t-il.

« Euh, rien, étudiante, j’habite chez mon père »

« Etudiante, vous étudiez quoi ? » renchérit Ignace, séduit par la jeune fille au beau visage.

« L’ethnologie végétale, argumenta Lynda, une branche voisine de la phytosociologie ».

« Ah, très bien, c’est intéressant ? je n’entends rien aux sciences, ma partie, c’est le commerce et les flux ».

Pendant ce temps, Louis et Marcelle s’inventaient des souvenirs communs, les genoux écorchés sur les bords de Marne, la séance de cinéma, le baiser volé …

« Marcelle, je n’ai plus de mémoire, mon passé s’est fait la malle, confia-t-il, un gruyère Suisse mais je vous reconnais ».

« On se connait dit Marcelle, et nous allons reconstruire cette histoire-là ensemble ».

Le chat, pelotonné sur le divan, s’étira soudain et rejoignit sa gamelle pour se saisir de quelques croquettes et laper trois gouttes de lait.

« Linda et Ignace sont demi-frère et sœur, regarde, ils se sont à peine connus quelques … et on dirait les meilleurs amis du monde ».