La vie de la vie

Plus de quarante ans  sur cette « petite  chose », planche en mer aux aléas des houles, en forme de grains de sable coulant à travers les goulots à Temps  et nous n’avons toujours pas saisi l’émoi, la gazoline !

« D’où viens-tu ma belle ? De quel pays ? De quel Monde bouilli à protozoaires amoureux ? »

« De quel ventre es-tu sortie ? Césarienne ou Naturelle, douleur des premières parturientes ou lettre de poste par la fente jaune des fascinations ? Quelle est ta date de Naissance, ton matricule, ton Baptême du feu, ta position assise, ta première dent, ton premier lalala, ton premier [Non , je ne veux pas]…, ta première beigne de Nougaro ?  »

« Ta Maman, quelle Beauté Tsigane,chevelure boréale,  Femme du Voyage? Ton Papa, quel électron, quel chasseur de rêves, de buffles des roseaux ?

« Ton premier baiser sur la bouche des  fleurs adolescentes, ta fougue en flamme, ta première érection discrète sur une dentelle frôlée  ton premier jeu de dunes à mille dos ? »

« Dis-moi la Vie ? »

« Ton mariage un jour de Soleil d' Icare ou de pluie, les bulles de champagne sur tes lèvres pourpres de Rimbaud ? Ta longue traîne sur tous les Désirs, les Désirs, le saoul du désir ? »

« Ton âge mûr, tes formes pleines, station des Halles et tous tes enfants en ronde sur les chemins de fer ? »

« La Vie, Dis-moi ton deuil noir, ta solitude blanche, ta  Mort Norvégienne, ta lance Souffrance, ton Inconscience, les ongles de  ton thanato-esthéticien ? la belle piqûre pour tes noces avec la tristesse, les plumes de l’au-delà, l’esprit de tes fantômes, tes [Nous te gardons au cœur par-delà], mémoire je, ne t’oublie pas, brin de bruyères, air du Temps ? »

La vie de la Vie n’est jamais dans les livres, les dictionnaires maniaco-dépressifs ou bipolaires d' Armentières, plus riche que vingt-six lettres au fond des bibliothèques à larmes solitaires. Mystères sur Miss Terre, nos doigts sur les vertiges, les valses blondes, les dents blanches frisant  en rires.

Ma Vie, Ma sœur, Mon infini, ma dupliquâtes, ma jumelle, mon âme, mon miroir, mon rimmel, mon houri au cils de khôl.

Là-bas ?

Ma Vie sans garde–barrière, ma folle, mon obsédé comme un forêt dans la mousseline ?