On le voit pleurer...
On le voit pleurer ce monde
La forêt balance son mouchoir blanc
Et le tigre se meurt sans maison
Au bord du précipice, une oraison.
Le petit chardonneret l’Oran Outang
Plus rien à se mettre sous la dent
Là-haut sur les ex-glaciers blancs
Passent des navires de guerre insolents
L’eau de la mer a tant montée
Le phoque suffoque dans son sang
La grande girafe la belle girafe
Qui faisait rire les enfants
Avec son cou, ses damiers roux
Rejoint le cimetière des éléphants
On le voit pleurer ce monde,
Coule une larme...
Sapiens et ses dix milliards, ses connaissances
Tombent en charpie dans le ciel rance
Le Mal pousse ses herbicides dans les champs
Que reste-t-il dans ce monde qui pleure ?
La fleur sauvage l’arbre coupé
Ceux qui barraient comme la glace le passage
Tristes ces têtes découpées effrayant naufrage
Et le monde se mit à pleurer
Il se souvient de sa Beauté
Il se souvient de son enfance
Univers accouché dans la souffrance
Tous ces indiens sur le bord des plaines
Avec ses fleurs plantées comme des pennes
Tous ces oiseaux de paradis
Basculés dans le déduit
Et le monde se mit à pleurer
Personne pour arrêter ses larmes
Le monde se mit à pleurer
Comme un enfant abandonné
Comme un Être égaré
Dans le chagrin du dernier matin
Et le monde pleurait à chaudes larmes
Devant sapiens et sa ceinture d’armes
Guettant encore perché sur son gros cerveau
Mais commençait à fondre sur le billot
Et les sanglots longs allèrent en vagues
Vague immense cueillant tout sur son passage
Les maisons les forêts et même l’orage.