Ours blancs
Nous sommes tout en haut
A gauche une infinie d’eau
A droite une infinie d’eau
Le glaçon, la peau sur les os.
Nous sommes tout en haut
L’ours blanc le discret cache à l’eau
A gauche les gratte-ciel faux
A droite le glaçon vermisseau.
Nous sommes tout en haut
Penchés dans le temps sans lasso
A gauche le néant gros
A droite le vide au verseau.
Nous sommes tout en haut
A gauche la mort des mots
A droite, la cruauté en démo
Sur le glaçon petit, l’esquimau.
Nous sommes tout en haut
A droite le cours du fond d’eau
A gauche le courant à vau l’eau
Sur le glaçon la paille en fuseau.
Nous sommes un peu moins haut
A droite le cheveu touche l’eau
A gauche bulle d’air à travers le cerveau
La mort de la vie, le glaçon d’eau.
Les ours blancs ont posé la grande aiguille de l’horloge
Comme le centre du compas planté dans la banquise
Les petits mariages de Bruckner ont rejoint la table des bas-fonds
Le clown au nez rouge appelle du fond de l’eau :
« Viens flotter dans l’âme d’un autre plancton »
Le regretté, en luisant comme un ver radioactif
Se souvient des champs aux colchiques
Comme à travers le verre épais et blanc.
Voler nos cerveaux en purée de barrette
Il fait comme la pomme empoisonnée, contre Blanche-neige, contre le glaçon
Non, Blanche n’a pas d’aïe, qu’il soit phone, smart ou pad
Elle n’a pas de portable, elle préfère les glaçons chauds de Timide ou Joyeux.
Ô non pas d’ aïe, si mal ce pancréas de confit de foie de phone muet !
Inventer le ban le ban de poissons grégaire et numérique
Et , dans un claquement de doigt se jeter au filet…
Et Job, les yeux rouges sans « les moissons du ciel »
Et demandeur d’emploi au guichet de saint Pierre
Merlan glacé au cœur du glaçon
Ecailles glissant du jean tombant en basse quête de l’éternité.
Parfois il a haï aussi, ce qu’il était par trop de chinoiseries électroniques
Transmettant du lourd au glaçon blanc, aux ours apeurés
Trop …Les ours blancs !