Sous les arbres (6)

Aujourd’hui quelqu’un vous quittera pour Bordeaux, un autre reprendra le travail, un autre encore ne rentrera pas ce midi, il fera journée continue. On n’arrête pas la machine : ça coûte trop cher ! L’homme est aussi une machine résistante mais qui a aussi ses limites... Ici les limites de mon ciel est un saule avec ses petites feuilles vert-clair. Le ciel est gris. Pourtant on annonce beaucoup de degrés sur ce pays aujourd’hui. Le réchauffement climatique est-il là ? L’effet de serre est-il plus fort ici? Il existe un effet de serre dans mon petit espace. Il y a un petit sapin. S’agit-il d’un sapin de noël replanté pas d’anciens propriétaires, morts suicidés ? Moi, j’ai planté un chêne, il grandira, je pense... Tout le monde cherche la lumière. L’autre jour j’ai vu un arbre, je ne sais plus ou...si, vers Dannes, mont Saint-Frieux, qui avait fabriqué une branche. Elle s’écartait très largement du tronc. D’abord perpendiculairement au tronc sur une longueur incroyable et puis d’un seul coup, en angle droit, opérait une montée au ciel, filant. Là, juste à l’angle, il y avait une ouverture dans le ciel. Parmi tous ces arbres qui se touchaient presque, la branche pouvait rejoindre la lumière. Nous voulons tous  la Lumière,même les égarés de Cohen, du plus petit lichen au plus grand des primates. Parfois nous nous trompons de lumière ! Que ferons-nous sans la lumière du jour ?

   « Papa est mort », je ne dis pas « maman » comme Camus ou « ma mère » comme Ernaux, j’aurai pu dire mon père, j’ai préféré papa comme Camus ! La nuit va tomber sous les arbres et amener son repos mais l’arrivée du jour est toujours une fête. Je ne suis pas encore venu la nuit. Derrière moi un oiseau lance son trille, cherche t-il à me dire quelquechose? Je ne le vois pas ! Lui m’a-t-il repéré ? Il faudrait que j’installe quelque nid pour l’hiver. Un nid pour je ne sais qui ? Je ferai le diamètre du trou au hasard mais je pense à sept centimètres parce que mon chiffre est le sept l Ma lettre est le T. J’aime de plus en plus mon endroit... Comme une chambre à moi « sous les arbres », comme une cousine de celle de Virginia...