Sous les arbres (2)

Hier j'ai écouté la colère de Francis Allais, le spécialiste botaniste de la forêt tropicale. Il dit que la forêt primaire a pratiquement disparu en Amazonie. Ici je ne suis pas dans une forêt primaire ! Les saules sont ridés, donc, mais je les trouve tout de même jolis. Hier j'ai libéré le plus beau de sa gangue prison de lierre. Je crois qu'il va mieux respirer. Je vais aimer très fort cet endroit. Un avion passe dans le ciel bleu. Je n'adore pas l'avion. Il raye sale le silence. Deux petits troncs morts font une croix entre deux sureaux. Je ne veux pas aménager cet espace à part cette table pour écrire. Je vais laisser cette nature-là tranquille même si elle n'est pas primaire. Je dois peut-être à d'anciens enfants du voisinage de m'être installé ici. Ils avaient déplacé cinq gros troncs qui ont servi de support à la table. Merci à eux ! Peut-être ont-ils déjà grandi. Ils ont déserté les lieux comme en vieillissant à un moment on peut abandonner la vie. En repartant j'ai enlacé le saule majestueux et puis je l'ai embrassé sur le front. Je suis heureux ! Je dois m'intéresser à la vie des saules. Je m'installais sous les arbres pour quelques instants volés au jour qui n'était pas ensoleillé. Le vent s'était un peu calmé comme sous l'effet d'un analgésique pour la nature et puis il suffisait de dire cela pour que le vent reparte de plus belle. J'entendais à peine les oiseaux. Mais de quels oiseaux s'agissait-il ? Un oiseau mais lequel ? Dans le lointain un bruit atroce de motos aux décibels décuplés. Mon dieu que l'homme est bruyant et comme il aime se pavaner sur ces tristes engins. Jamais ils n'entendraient parler du réchauffement climatique, de la fonte du permafrost dans le grand nord et de la disparition des ours blancs. J'ai rapproché la caméra du ciel et puis je l'ai tourné vers moi, tel qu'on le fait facilement de nos jours. Comme on se pavane sur des réseaux sociaux parfois antisociaux. Le gazouillement est là : je l'entends, je me demande si mon saule est heureux ?

Comments

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Léonard

Et maintenant l' Amazonie brûle. Nos poumons partent en fumée . Bientôt peut être en est-ce fini de la vie sur terre !