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lettresdumonde
14 août 2019

Sous les arbres (1)

   C'est là que j'ai élu domicile, que je suis venu ce matin, sous les arbres, prés des sureaux et des grands saules. A peine arrivé, la chance est déjà avec moi. Je suis ravi par la vue d'un petit oiseau qui s'est installé en face de moi sur une ramille. Il ne m'a pas vu je crois et le silence est là. Nous sommes à deux au monde. Le silence est presque parfait. Dans le lointain j'entends un roucoulement intermittent. Le soleil perce à peine, il y a la fraicheur du matin, la nuit, le noir s'est replié. Par terre, le lierre envahit le sol. Je suis assis sur une buche découpée. Je l'ai soudé, ensemble, avec d'autres grumes pour les pieds et par dessus une palette de bois complétée, fixée qui me sert de table de travail. Je suis bien ! J'ai pris de la citronnelle pour écarter les moustiques. J'enregistre ce moment. Bien sûr dans le lointain, il y a toujours un bruit humain. L' homme est un animal bruyant.
Ici, j'espère apprivoiser les oiseaux, mes frères, comme le petit saint d'Ombrie. J'entends des cloches dans le lointain. On est samedi matin sur terre. Des gouttes d'eau sont tombées sur moi. Elle aussi , la nature qui a exité avant moi, peut me laisser des traces! Le léger vent du matin sait porter vers moi le son d'une église : un enterrement , un futur mariage ? Un simple son pour un jour heureux ou un trépassé, comme chez Chateaubriand le breton.
Je ne resterai pas longtemps ce matin parceque le temps me presse. J'essaierai seulement de parler du lierre qui recouvre le sol gracieusement. Je vais employer un mot japonais pour décrire la filtration des rayons du soleil à travers les feuilles des branches, komorebi. Je suis entre ombre et soleil. C'est l'ombre ce matin qui joue avec la lumière et non pas le contraire. C'est elle qui bouge sur le lierre telle une danseuse chinoise, une ombre de lierre et de branches. je suis bien! J'entends à nouveau un petit oiseau, peut être me fera t-il trouver de plus jolies phrases. Derrière mon dos, il trille. Qui est -il ? M'observe t-il ? A t-il déjà vu un homme, ici entrain d'écrire. Il s'est tu. Je ne suis pas satisfait de mon stylo- plume. Il délivre son encre trop lentement, goutte à goutte comme les rais joueuses de Phoebus. Sa mine est encore accrochée à son support mais elle vacille comme la flamme d'une chandelle sur la Madeine pénitente de Georges de La tour , elle va de Charybde en Scylla dans son conduit.Il y a un peu de vent. Le ciel est bleu et blanc. J'ai un petit écran là haut, entre les feuilles. Viendrai-je écrire en hiver ? Dans quelle genre de nature suis-je au fait à deux pas de Saint Omer la marécageuse ? Je suis né tout prés, ici en 19**, en hiver. Dans le petit coin, sous les arbres, où je peux rentrer pour rejoindre mon espace de nature personelle. L'an dernier j'ai planté un chêne vert. Il est encore bébé, tout à l'heure je vais le mesurer. Je suivrai sa croissance comme on le ferait d'un enfant.Les saules sont ridées. On dirait de vieux messieurs ou de vieilles dames comme le héro de Jelinek, Vororine mais eux je ne sais pas quel âge ils ont ...

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