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lettresdumonde
25 avril 2019

Hotel Dieu

Pour une femme morte dans votre hopital,

Je réclame, Dieu, votre grâce.

Si votre paradis n'est pas ornemental,

Gardez-lui sa petite place.

 

La voix au télephone oubliait la pitié;

Alors j'ai couru dans la ville.

Elle ne bougeait plus déjà d'une moitié,

L'autre est maintenant immobile.

 

Bien qu'elle fût noyée à demi par la nuit,

Sa parole était violence.

Elle m'a dit : "appelle moi-ce docteur",

Et lui, il a fait venir l'ambulance

 

ö temps cent fois présent du progrés merveilleux,

Quand la vie et la mort vont vite,

Où va ce chariot qui va dans l' Hôtel-Dieu,

L' hôtel où personne n'habite ?

 

D'une main qui pleurait de l'encre sur la mort,

ll fallut remplir quelques fiches.

Moi, je pris le métro, l' hôpital prit son corps,

Ni lui ni elle n'était riche.

 

Je revins chaque fois dans les moments permis,

J'apportais quelques friandises.

Elle me grimaçait un sourire à demi,

De l'eau tombait sur sa chemise.

 

Elle ne bougeait plus, alors elle a pris froid :

On avait ouvert la fenêtre,

Une infirmière neutre aux gestes maladroits

En son Hôtel-Dieu n'est pas maître.

 

Ma mère embrassa, sur la main me benit,

- Et moi je ne pouvais rien dire -

En marmonnant " Allons, c'est fini, c'est fini",

toujours dans un demi-sourire.

 

Cette femme a péché, cette femme a menti,

elle a pensé les choses vaines.

Elle a couru, souffert, élevé deux petits

si l'autre vie est incertaine.

 

Et si vous êtes là, et si vous êtes mûr,

que sa course soit terminée !

On l'a mise à Pantin dans un coin prés du mur.

Derrière on voit des cheminées.

 

Guy Béart.

 

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